Keka-Wongan: le film d’une coopération franco-camerounaise diffusé au lycée Honoré de Balzac
Le vendredi 2 avril, le lycée professionnel agricole de Castelnau-le-Lez, sous la supervision de Julie Chavagneux, directrice adjointe et du professeur Serge Misericordia, qui dispose d’un tiers temps coopération coopération a réuni dans son amphithéâtre, trois classes d’élèves. Florent Dionisy, Chargé de mission développement durable pour l’EPLEFPA de Nantes Loire Atlantique qui effectue une mission, appuyé par le réseau Cameroun, sur l’opportunité de développer des relations de coopération entre un établissement français, le sien et un partenaire camerounais, le Collège Régional d’Agriculture (CRA). Depuis 2014, des actions réciproques entre les deux pays sont menées et le rythme s’est accéléré pour aboutir in fine à la création à Ebolowa, d’un atelier technologique de transformation du cacao en un chocolat « made in Cameroun ». Ce projet a fait l’objet d’un film, Keka-Wongan, signifiant « notre cacao » dans la langue Bulu parlée à Ebolowa, la ville chef lieu de la région sud-Cameroun. Le court-métrage a été réalisé par Julie Lizambard de Com Son Image. Elle y restitue fidèlement l’histoire de ce projet dont « l’ambition semblait démesurée au départ et l’objectif non réaliste ». Et pourtant ils l’ont fait !
Une tournée du documentaire « Keka Wongan » (libre de droits), est organisée pour faire connaître cette démarche dans d’autres établissements publics agricoles français. Pour l’instant, 20 séances sont programmées dont celle qui a eu lieu ce vendredi sur l’EPLEFPA de Castelnau-le-Lez, en présence du chef de projet (Florent). Il s’agit, selon lui, de « dévoiler les coulisses du projet, la méthodologie à adopter lorsqu’on se lance dans un projet durable d’une telle envergure ».
Ce film est inspirant, particulièrement pour les élèves du lycée H2B, formés aux métiers agricoles et préoccupés, ou du moins sensibilisés aux enjeux de transition agroécologique et de développement durable. Il donne un exemple de pistes d’actions concrètes, et l’envie d’agir. Keka Wongan est un projet de coopération basé sur la réciprocité, qui met en avant le partenariat multi-acteurs et l’implication des apprenants tant en France qu’au Cameroun. L’objectif, pour l’intervenant comme pour le personnel qui l’a accueilli, était en partie d’inspirer les élèves du lycée Honoré de Balzac à agir de la même façon. A leur échelle, ils peuvent s’intégrer dans une démarche écocitoyenne également, en rejoignant des réseaux d’acteurs présents depuis cette année dans l’établissement tels que les écoresponsables (au nombre de 10 parmi les élèves), ou encore l’association Lafi Bala, hébergée par lycée H2B et présidée par le Professeur Serge Misericordia. Par ailleurs une très belle initiative de coopération internationale avec le Bénin est en place au lycée pour favoriser l’échange entre les lycéens des deux pays ; et pourquoi pas, pour ces élèves, en initiant de nouveaux projets.
La projection montre les différentes étapes de l’entreprise. La première consistait à maîtriser la phase complexe de l’approvisionnement en fèves de cacao, en incluant des exigences de qualité et le respect de l’environnement. Ces conditions ont permis aux petits cacaoculteurs de la coopérative de Bytilie d’augmenter, en moyenne, leur prix de vente de 30 %. La deuxième étape, très sensible, fut la transformation, avec l’obligation de fabriquer localement les machines pour garantir par la suite leur entretien. Enfin, « il n’y a plus qu’à vendre ! », mais en appliquant les règles du commerce équitable. Le film invite à une réflexion sur le commerce équitable Nord-Sud mais aussi Nord-Nord et Sud-Sud et sur les filières locales.
Au terme de la projection, un atelier de débat est organisé par Florent afin de faire participer les élèves et connaître leur opinion sur le projet ainsi que sur ce moyen de diffusion. Des images sont disposées aléatoirement au sol et les élèves doivent choisir celle qui leur fait penser, d’une manière ou d’une autre, au film qu’ils viennent de regarder. Ils doivent ensuite s’exprimer un par un et expliquer le rapport qu’ils ont trouvé entre cette image et le film. Florent accueille leur point de vue et y répond en confirmant le lien qu’on peut trouver entre ces images, même déroutantes, et le projet. Par exemple, un pont a été fait entre l’image d’un champ de tournesols et le film : le champ de tournesols représentait, d’après un élève, l’aspect vaste et gigantesque de la nature, qui s’étend à perte de vue. Cela symbolisait, selon le jeune, l’importance de la faune et la flore, et cela était retrouvé dans le projet qui s’inscrit dans une démarche de développement durable, concept dans lequel l’environnement est une priorité. L’objectif de cet exercice particulier d’analyse d’illustrations était de faire adopter aux élèves une réflexion globale, abstraite, pour comprendre les enjeux du projet présenté et non de rester uniquement sur les actions concrètes, qui impliquent plus de passivité intellectuelle et qui ne permettent pas forcément d’en tirer des leçons.
Cette démocratie participative est véritablement recherchée par l’intervenant qui insiste sur l’importance du regard des jeunes. C’est la raison pour laquelle il entreprend cette « tournée » des établissements scolaires. Il souhaite faire connaître ce projet et son histoire, mais également obtenir des réponses : savoir ce que cela renvoie aux apprenants.
Ainsi, la « mutualité » est le maître mot de ce projet qui a été favorablement accueilli par les lycéens et quelques enseignants du lycée Honoré de Balzac. Un dialogue est constamment recherché, de l’étape de création du projet, quand il faut établir un partenariat entre le lycée de Nantes et le CRA d’Ebolowa, à celle du déroulement, lorsqu’il s’agit de travailler à plusieurs mains une fois l’entreprise démarrée au Cameroun « et chacun donne le même effort, ce n’est pas l’un qui donne et l’autre qui reçoit », jusqu’à la dernière phase, celle de diffuser le projet dans les établissements, en attendant de la part de l’auditoire une réaction et une opinion.
En l’occurrence, c’est grâce à la curiosité et à la réceptivité de nos classes, émues par la réalisation, dont les plans laissaient voir beaucoup de complicité et de partage entre les écoresponsables français et camerounais, que cet échange a pu perdurer au-delà de l’horaire défini au départ.