Une performance en direct pour sensibiliser au développement durable et à l’écocitoyenneté au Lycée Professionnel Agricole Honoré de Balzac
Engagé dans la transition agroécologique visant une évolution vers un nouveau modèle de développement économique et social plus durable, le lycée Honoré de Balzac a une nouvelle fois marqué son adhésion à cette démarche en organisant un happening le 18 mars 2021 sous la pinède. Des artistes de street art réputés, Mara et Noluck, des ingénieurs agronomes et une illustratrice graveuse qui officie à la Maison de la Gravure Méditerranéenne à Castelnau-le-Lez, sont intervenus pour sensibiliser les élèves aux enjeux du développement durable et de l’écocitoyenneté.
C’est de la rencontre de Lionel Scotto d’Apollonia, chercheur associé au LIRDEF1, spécialiste de l’éducation aux enjeux climatiques et pilote des projets éducatifs de l’association Artivistes-atelier et de Julie Chavagneux, nouvelle directrice adjointe arrivée en 2019, qu’est né cet événement. Coconstruire un Plan Climat Lycée, à partir d’œuvres d’art comme support de communication et la mise en œuvre de bouquets d’actions.
La directrice adjointe, soucieuse de faire un état des lieux des initiatives et des dispositifs existants ou en projet au sein de l’EPLEFPA Castelnau-le-Lez, a recruté Jessica Rouveirol en tant que service civique, avec deux missions : l’appui aux apprentissages des élèves en période Covid et la participation à des projets écoresponsables. Avec l’appui du groupe de pilotage, ainsi que le recours aux formations dispensées par SupAgro Florac, Mme Chavagneux souhaite donner à voir la convergence et la cohérence des actions et événements portés par les différents membres de la communauté éducative, les évaluer et les valoriser dans le cadre de la démarche Enseigner à Produire Autrement 2.
L’art comme support de communication « Créatif, ludique et concret, de l’éducation climatique à la citoyenneté de demain, donnons-nous les moyens de passer à l’action ! »
Caroline Lequeux Clarimon, artiste graveuse,nous explique que sa « proposition artistique vise à sensibiliser les jeunes à la valorisation des déchets industriels.» La gravure est au centre d’un projet autour de la question de l’empreinte et de la trace. « Chaque élève a été invité à réaliser une empreinte à partir d’une sélection de matériaux, initialement destinés à être jetés : conserves, canettes, bouteilles, papiers, végétaux séchés. Habituellement ils sont perçus comme sales, périmés, à jeter directement ; mais si on opte pour un comportement écologique, on incite au tri, au compost. C’est pourquoi il faut déconstruire cette répulsion totale du déchet qui peut nous pousser à nous en débarrasser au plus vite quitte à le jeter dans la nature ». Ces matériaux encrés deviennent alors les matrices d’une création artistique originale et sont imprimés via une presse.
La directrice adjointe poursuit sur la démarche : « Il s’agissait d’impulser une dynamique qui rassemble les artistes, les élèves et toutes les catégories de personnels autour du développement durable, favoriser la rencontre entre tous, susciter la discussion autour des valeurs liées à l’écocitoyenneté, dans une période où le lien social est malmené par les conditions sanitaires. Un tel événement s’inscrit dans le champ de nos missions : participer à l’animation du territoire et contribuer à l’insertion scolaire et sociale des apprenants. Notre public est sensible, ou en tout cas interpelé par la démarche artistique urbaine qui est mise en œuvre. L’échange est facilité entre ces acteurs et les élèves. Les apprentissages se font de manière plus active autour de l’art, la culture et du développement durable. »
De son côté, Anne-Claire Vannier, Conseillère principale d’éducation du lycée, se réjouit d’une approche « ludique » de l’éducation à l’environnement. Cela s’inscrit dans une dynamique de modernisation générale voulue par le lycée. « Stimuler l’esprit des élèves, favoriser leur participation en tant qu’écocitoyen, dans un climat apaisé. »
Interrogée, Catherine Picque, enseignante en Histoire Géographie, en filière Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant, qui précise qu’elle mange bio et local et proscrit l’usage de produits ménagers toxiques, raconte qu’elle traite du développement durable dans le cadre de ses cours en lien avec le référentiel de formation. Elle trouve que « ce type d’événement est plus novateur, plus actif que l’aspect théorique et moralisateur du « faites pas ci, faites pas ça ». Elle rappelle l’initiative de ramassage des déchets sur les rives du Lez, en 2019 et se réjouit de la mise en œuvre d’une démocratie participative. « Le système des poubelles différenciées pour trier a toujours existé pour la génération de nos élèves, cela a forcément exacerbé leur sensibilité naturelle à ces questions. Ils ont des automatismes que les générations précédentes (les plus de trente ans par exemple) n’ont pas forcément. »
Caroline Hecquet et Grace Origlio, deux assistantes d’éducation, se sont également réjouies d’être associées à Guilhem Long, enseignant d’ESC,1 pour réaliser le film support de la journée. Sonia Finet, Directrice de l’EPLEFPA, souhaite, quant à elle, valoriser ce type d’initiative sur le site internet de l’établissement, parce que l’éducation au développement durable est au cœur de nos pratiques.
Les élèves, public cible de cette journée, étaient enthousiasmés par l’évènement. « Des idées innovantes » selon eux, qui « poussent à la réflexion et qui changent ».
Cela leur donne de la motivation pour poursuivre leur formation dans le domaine agricole, avec une conscience écologique naissante pour certains, renforcée pour d’autres. S’ils s’estiment familiers du développement durable en théorie, très présent dans les manuels scolaires, cela leur offre la possibilité de mettre en pratique, dans leur vie quotidienne.
Au rang de leurs initiatives : privilégier une gourde réutilisable au lieu d’une bouteille pour s’hydrater, favoriser l’usage de verres écocup, adapter le contenant à la faim « petite faim/petite assiette, grande faim/grande assiette », mettre en place une table de tri à la cantine, peser les déchets, limiter l’usage du papier, prendre les transports en commun ou encore faire attention à la faune et la flore.
Génération exposée aux médias de masse, et de fait informée continuellement de la situation de détérioration de la planète, de la disparition de plus en plus d’espèces chaque année et du réchauffement climatique, les élèves sont conscients de la situation et veulent contribuer à une amélioration à leur échelle.
Noam Badat, lycéen en filière Laboratoire Contrôle Qualité, engagé en tant qu’écoresponsable, était présent pour participer aux ateliers de sensibilisation. A Honoré de Balzac, ils sont dix écoresponsables. « Cette année, on démarre ! ». Il connaissait déjà les artistes, car il est lui-même passionné d’art urbain. Il estime en effet que l’écologie est un enjeu « important » dans un lycée agricole, c’est un « besoin », une attitude à adopter si l’on veut exercer son métier de manière responsable. La protection de l’environnement est une cause qui lui tenait personnellement à cœur, en parallèle de son parcours scolaire qui s’y prête. Il avait effectivement participé à des manifestations pour le changement climatique ainsi qu’à des débats sur le développement durable. Noam nous rappelle que l’internat cherche d’ailleurs à obtenir le label « écologique ». Il évoque également la bonne-volonté des élèves lorsqu’il s’agit d’opter pour un comportement responsable dans la cantine du lycée, par le tri des déchets ou la proportion des quantités alimentaires afin de réduire le gaspillage. « Des statistiques sont affichés chaque semaine pour savoir combien d’aliments ont été jetés et ensuite en tirer des leçons en prenant uniquement ce que l’on pense vraiment consommer au moment du choix du repas. » Noam se réjouit de toutes ces initiatives prises et rendues possibles grâce à un dialogue constant entre personnels et apprenants, par le biais de commissions ou de réponse à des appels à projets destinés aux élèves.
Le comité de pilotage du Plan Local Enseigner à Produire Autrement 2 qui se réunit le 15 avril dans l’établissement pourra compter de nouveaux membres et s’appuyer sur la démarche Plan Climat Lycée initiée par les artivistes.
Ce temps fort sous la pinède aura permis de sensibiliser « massivement » les élèves en faisant le « buzz » autour de questions écocitoyennes et surtout, il aura suscité de nouvelles vocations.